Question:
comment calcul t on la masse monetaire?
keloum
2006-06-20 03:14:14 UTC
comment calcul t on la masse monetaire?
Un répondre:
lu31
2006-06-20 03:23:34 UTC
10 - L'outil de mesure de la masse monétaire



Il n'est pas douteux qu'à un moment donné, il y a de cela plusieurs décennies, les autorités monétaires aient choisi en toute connaissance de cause de regrouper les banques et les établissements financiers pour la détermination des éléments devant servir à la mesure de la masse monétaire en circulation. On peut supposer qu'elles n'ont pas voulu à l'époque que le public connaisse la facilité déconcertante avec laquelle la monnaie est créée par le système bancaire en dehors de toute contrainte, y compris et surtout celle de l'Institut d'émission.



Il ne faudrait tout de même pas oublier qu'il a fallu imposer aux banques l'encadrement des crédits dans les années 80 pour les contraindre à limiter l'émission monétaire. Depuis lors, l'introduction de nouvelles activités et principalement de nouveaux instruments financiers n'a fait qu'ajouter à la confusion d'origine. On peut même se poser la question de savoir s'il existe encore quelqu'un qui arrive à comprendre quelque chose dans le dédale impraticable que l'on a bâti sur cette assise en trompe-l'œil.



Les variations erratiques de la masse monétaire, observées depuis quelque temps, ne permettent plus de rendre compte de ses effets inflationnistes supposés sur les prix. Il faut donc faire un bel acte de foi pour prétendre que le taux d'inflation est le repère central de la politique monétaire, surtout quand on sait comment il est calculé ! Personne n'est donc en mesure d'expliquer ces variations désordonnées. Mais, personne jusqu'à présent n'a songé, en tout cas n'a dit, qu'il pouvait s'agir d'un défaut de l'outil de mesure. C'est pourtant ce qui découle de l'analyse.



Sans vouloir entrer dans la technique de la mesure, c'est une masse appelée M3 qui sert d'indicateur dans tous les pays du monde pour la conduite de la politique monétaire. Cette masse comprend notamment des éléments du passif des établissements financiers qui ne représente rien d'autre que des fonds qui ont circulé à travers eux de comptes de banque en comptes de banque. Que ces fonds aient servi à financer l'économie du pays n'y change rien. Cela revient techniquement, à assimiler à de la monnaie un billet de trésorerie détenu par une entreprise sur une autre entreprise, ce qui n'est rien de plus qu'un prêt entre deux sociétés. Ces fonds proviennent nécessairement d'une création monétaire antérieure faite par le système bancaire qu'ils n'ont jamais quitté depuis.



On veut éviter la création monétaire en faisant circuler la monnaie existante, soit. Mais puisqu'on y est parvenu, il ne faut pas la décompter une nouvelle fois ou autant de fois qu'elle peut être appelée à être remise dans le circuit des placements à l'intérieur des établissements financiers.



On confond création et circulation, parce que l'on confond banques et établissements financiers. Depuis quelques années, avec l'avènement des Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM), on en est arrivé à un degré de situation tout à fait grotesque. Ces placements génèrent une circulation plus intense de la monnaie existante, et en prenant en compte dans la masse les fonds drainés par ces organismes, on entretient des erreurs de mesure invraisemblables.



En multipliant les transactions, on multiplie les erreurs. La somme des erreurs ainsi accumulées dans l'ensemble des établissements financiers correspond très exactement à la masse de monnaie qui serait nécessaire s'il fallait rembourser toutes les sommes déposées chez eux par la clientèle extérieure, masse de monnaie qui se retrouverait inéluctablement entre les mains des banques aux comptes des prêteurs après leur remboursement. Il s'agit donc d'une masse monétaire potentielle, mais non effectivement créée. C'est celle qui aurait été créée si l'on n'avait pas utilisé la monnaie existante pour financer les prêts qui ont pu ainsi être accordés.



Les autorités monétaires semblent ne plus savoir très bien à quel saint se vouer, comme le montrent les changements survenus en 1994 dans la définition de la masse M3. La règle veut que ce soient les dépôts de la clientèle enregistrés au passif des banques et des établissements financiers qui servent d'éléments de mesure de la masse monétaire. La naissance des OPCVM a posé de sérieux problèmes, car ces organismes ont été créés pour investir les fonds collectés dans des Sicav ou des Fonds communs de placement.



La première entorse à la règle en vigueur a été de séparer les dépôts de la clientèle en fonction de leur destination, c'est-à-dire selon qu'ils étaient affectés à des placements en actions ou en valeurs monétaires. Ainsi, en est-on arrivé à mélanger deux notions comptables opposées: les passifs et les actifs, les origines et les emplois. Les Sicav actions ont donc été écartées de M3, car il aurait été difficile de faire passer des actions pour de la monnaie ! Pour les autres, la notion de "court terme" a prévalu un temps, puis abandonné en 1994 au profit de celle de "monétaires". On ne sait pas où sont passées les Sicav "panachées" !



Alors, comment s'étonner de mouvements erratiques dans un tel désordre de la mesure? En fait, il manque tout simplement une définition claire et précise de la monnaie, comme celle qui a été donnée plus haut, ce qu'auraient pu obtenir les autorités monétaires si elles avaient séparé dès le début les banques et les établissements financiers !



Bien que l'on soit incapable, de manière délibérée ou non, de mesurer avec la précision requise la masse monétaire en circulation, et partant que l'on soit tout aussi incapable d'en apporter la démonstration en grandeur nature, on prétend nous imposer la théorie monétariste de l'inflation comme ayant force de loi. Toutes les analyses faites dans cet ouvrage tendent à prouver que l'on est en présence d'une aberration collective de dimension planétaire.


Ce contenu a été initialement publié sur Y! Answers, un site Web de questions-réponses qui a fermé ses portes en 2021.
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